Dans "Chronique d'un dialogue difficile", Emmanuel de Reynal relate les coulisses et les enjeux profonds d'une initiative ambitieuse : "Palépoutann", un projet de dialogue sociétal entre descendants d’esclaves et descendants de colons en Martinique. Initié par Marijosé Alie, personnalité médiatique déterminée à rompre le silence historique et les tabous identitaires, ce dialogue se voulait populaire, ouvert et sans intermédiaire.

Malgré un enthousiasme initial et un soutien apparent des municipalités et associations locales, le projet rencontre rapidement des obstacles majeurs : absence de représentants légitimes des communautés, crispations identitaires, tensions mémorielles et oppositions farouches de certains activistes radicaux. L’auteur, lui-même descendant de colons, s'engage personnellement dans ces débats, conscient du risque mais convaincu de leur nécessité.

Le récit dévoile une Martinique divisée, tiraillée entre son douloureux passé colonial et ses réalités contemporaines, avec en toile de fond les blessures non guéries de l'esclavage, l’affaire du chlordécone et les crispations sociales et identitaires exacerbées par la crise sanitaire.

Malgré la bonne volonté d’un très grand nombre de Martiniquais, l’opération échoue avant même de débuter réellement : une violente opposition minoritaire parvient à imposer son agenda, révélant au passage les limites du dialogue lorsque les ressentiments historiques sont instrumentalisés.

"Chronique d'un dialogue difficile" est ainsi le témoignage lucide et sans concession d’un échec douloureux mais révélateur, interrogeant profondément les obstacles à une réconciliation authentique et à la construction d’une société créole apaisée.